11 août 2020
La reconversion de bâtiments industriels patrimoniaux
Dans le cadre de notre rubrique Donnons la parole à la relève scientifique, Gabriel Laferrière souhaite nous partager un résumé de la recherche sur laquelle il travaille depuis maintenant + d’1 an sur la reconversion de bâtiments industriels patrimoniaux
Gabriel termine actuellement sa maîtrise en études urbaines de l’UQAM. Il réalise un mémoire dans lequel il compare le processus permettant la reconversion de bâtiments industriels patrimoniaux à Birmingham et Montréal.
Lors de sa maîtrise, son intérêt pour le patrimoine – et plus particulièrement le patrimoine industriel – lui a permis de travailler pour la Fédération Histoire Québec et pour Martin Drouin en tant qu’auxiliaire de recherche. Ce même intérêt lui a permis d’organiser, avec la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, un séjour thématique en Europe ayant pour thème le patrimoine, la requalification et le développement local et de partir en échange à Birmingham pour compléter ses études et travailler sur son mémoire.
Gabriel possède également une formation de 1er cycle en urbanisme. Il s’est impliqué, tout au long de son parcours, au sein de ses associations étudiantes ainsi qu’auprès d’organismes incluant Héritage Montréal.
Un mémoire sur la reconversion architecturale à Birmingham et Montréal
Au Québec, le débat entourant la conservation du patrimoine évoluerait « au cas par cas, dans l’anecdotique et dans la réaction » (Desprez, 2020). Ce constat, partagé par plusieurs, a été mis et remis de l’avant au travers d’innombrables articles et rapports dans les dernières années. Alors qu’un certain laxisme cause la perte d’une partie grandissante de notre héritage bâti, d’autres gouvernements – incluant le gouvernement anglais – ont mis en place des mécanismes permettant d’assurer la sauvegarde et la mise en valeur de leur patrimoine bâti.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le mémoire que je réalise actuellement. Dans le cadre de ce dernier, j’ai choisi de me concentrer sur la reconversion architecturale, une approche misant sur la transformation du bâti existant. C’est en considérant le potentiel que possède le patrimoine industriel quant à une éventuelle reconversion et les retombées, tant économiques, qu’environnementales et sociales, que permet le réinvestissement du patrimoine bâti, que j’ai choisi d’étudier la reconversion de 2 bâtiments industriels ayant un statut patrimonial reconnu.
Ma recherche vise, plus précisément, à comprendre ce qui caractérise la reconversion architecturale à Birmingham, en Angleterre, et à Montréal, au Québec. Je m’y intéresse particulièrement à l’influence qu’a l’écosystème patrimonial, un concept inspiré du conservation-planning assemblage de Pendlebury et développé aux fins de ma recherche, sur les projets de reconversion.
Mon mémoire se concentre autour d’une étude de cas comparative, s’appuyant à la fois sur une recherche documentaire et sur des entrevues semi-dirigées. Cette étude me permet de comparer la reconversion en cours de Junction Works et de la Tonnellerie, 2 bâtiments industriels abandonnés depuis un certain moment. Pour chacun des 2 cas, j’explore d’abord le contexte dans lequel s’inscrit le projet avant de m’intéresser au processus permettant la reconversion du bâtiment étudié. Une 1ère analyse me permet d’étudier les projets individuellement et d’ainsi saisir le rapport qu’entretiennent les 3 composantes de l’écosystème patrimonial, soit l’encadrement, le projet et la zone intermédiaire, au sein des 2 processus étudiés.
C’est à ce point de la recherche que je suis actuellement rendu.
Une 2nde analyse pour comparer les processus et les répercussions
Une 2nde analyse me permettra bientôt de réaliser l’étude comparative des processus ayant permis les 2 projets de reconversions et du contexte dans lequel elles s’inscrivent. Ici, mon travail soulignera la différence entre le modèle québécois et anglais et me permettra d’observer les répercussions qu’ont les 2 modèles sur la pratique.
L’intérêt de cette recherche exploratoire est à la fois scientifique et sociétal. Scientifique parce qu’elle cherche à mieux définir ainsi qu’à comparer un phénomène complexe et peu étudié au Québec. Sociétal parce que ces retombées pourraient faciliter la reconversion de bâtiments québécois et ainsi favoriser une meilleure conservation et mise en valeur de notre patrimoine, sans oublier un développement immobilier plus durable.
Avec le support de LOJIQ, j’ai été en mesure de réaliser un échange à Birmingham où j’ai pu me familiariser avec le contexte anglais et documenter le processus permettant actuellement à Grand Union, un organisme à but non lucratif, de transformer Junction Works.
Depuis mon retour au Québec, je profite du ralentissement causé par la pandémie afin d’avancer la rédaction de mon mémoire. Je documente actuellement le second processus de reconversion porté par Le boulot vers… et permettant l’éventuelle reconversion de la Tonnellerie. Si tout va comme prévu, je devrais être en mesure de soumettre mon mémoire à l’automne.
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