La comédienne montréalaise Zoé Boudou revient d’une résidence culturelle en France. Du 23 juillet au 16 août, avec une amie française, elle a coproduit un nouveau festival de théâtre à Saint-Sorlin-en-Bugey, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Théâtre à la Durandière mise sur l’interculturalité franco-québécoise pour démocratiser les arts vivants au profit des résidents de milieux éloignés des centres culturels. Après un premier succès au pays de Molière, Zoé a pour ambition d’amener ce concept au pays de Tremblay.

Le festival Théâtre à la Durandière met l’interculturalité franco-québécoise au centre de son projet de démocratisation des arts vivants. Comment y as-tu contribué ?
Zoé Boudou – « J’y ai contribué en mettant sur pied un projet où des artistes québécois et français créent ensemble. Pendant 3 semaines, des acteurs français ont travaillé des textes québécois, et des Québécois, des œuvres françaises.

J’ai monté ce projet avec mon amie et ancienne collègue de classe de l’École nationale de théâtre du Canada, Sarah Cavalli Pernod, qui a grandi au Château de la Durandière.

Ce projet permet de monter une pièce de dramaturgie québécoise et une autre de dramaturgie française. En plus, on crée une pièce collective à partir de matériaux textuels issus des 2 traditions dramaturgiques.

Mais les rencontres interculturelles n’étaient pas qu’artistiques. Les échanges avec le public – aspect important dans notre concept – ont aussi permis de poursuivre l’échange interculturel. »

Comment avez-vous vécu l’interculturalité dans vos échanges de création artistique ?
Z. B. – « L’expérience de l’interculturalité nous a portés à réfléchir au choix et au sens des mots. Par exemple, quand on a monté la pièce Coco, de Nathalie Doummar, on s’est interrogé sur ce qu’il fallait garder ou pas. Il s’agit d’une pièce dans une langue québécoise très franche, avec des mots qu’on utilise quotidiennement au Québec, mais pas en France. Il fallait permettre la lisibilité des textes.

Dans cette pièce, comme comédiennes, il y avait une Suisse-allemande, 2 Françaises et 2 Québécoises. Nous avons toutes gardé nos accents. Il ne nous est pas venu de modifier nos accents.

Cependant, concernant les sacres, on a préféré les changer pour des sacres français pour se rapprocher d’un ressenti que toutes les comédiennes pouvaient connaître. Sinon, ça risquait de sonner faux.

En fait, on essayait de trouver des équivalents, l’équivalent le plus juste. C’était comme un jeu plutôt qu’un défi. Ça a donné lieu à des situations loufoques ! Par exemple, 8 jours après les répétions, on se rendait compte que telle personne n’avait pas compris le sens d’une phrase !

Mais au quotidien, on n’avait aucune difficulté à communiquer. »

Image du site www.lojiq.org

La comédienne montréalaise Zoé Boudou, coproductrice du Théâtre à la Durandière

Le concept du Théâtre à la Durandière repose aussi sur la production de ce même festival au Québec. Comment est-ce que ça se profile pour l’an prochain ?
Z. B. – « L’idéal serait d’alterner ce festival entre le Québec et la France, d’année en année. Mais concrètement, on est en déficit. On n’a pas pu payer les artistes. On a défrayé leur déplacement, leur hébergement et leur nourriture pendant tout le mois. Heureusement, ils étaient au courant des conditions.

Ce qui a permis de lancer ce projet cette année, c’est qu’on avait déjà le domaine de la Durandière et les facilités que permet l’association Rosaura, fondée par Sarah Cavalli Pernod. Si le projet est relancé l’an prochain, ça risque encore d’être en France, pour cette raison. Ça permettra au moins de solidifier le projet, notamment grâce aux contacts qu’on a déjà en France.

Pour le moment, notre budget ne nous permet pas d’acquérir ou de louer un lieu au Québec.

Mais cette première expérience nous permet de voir la pertinence de notre projet. On a eu du public. Le projet – quoique prenant – nous a donné assez d’énergie pour qu’on y tienne jusqu’à ce qu’on puisse le reproduire au Québec. »

Propos recueillis par Nadège Célestin

Image du site www.lojiq.org

Affiche de la première édition de Théâtre à la Durandière

En savoir +

Comme Zoé Boudou, tu peux obtenir une aide financière de l’OFQJ pour réaliser un projet culturel en France.

Découvre ici le volet Action culturelle et artistique de notre programme Développement de carrière.

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